Lorsque j’ai décidé de créer une marque de glaces, l’idée était évidente que je devais proposer quelque chose de nouveau. Pas pour le plaisir de la nouveauté elle-même, on s’en fout…
Café, Noisette ou Citron…
Non, pas pour « faire nouveauté » mais pour tromper l’ennui que je ressens chez chaque glacier. Nous connaissons tous de très bonnes adresses, d’autres… beaucoup moins bonnes.
Mais elles ont toutes en commun l’ennui du « Noisette du Piémont », « Vanille de Madagascar », « Citron de Calabre»… Ok, l’ingrédient est fondamental mais quand même !
On va dans un bon restaurant pour être surpris, emporté par des saveurs, des textures. On s’attend aussi à être transporté dans un lieu, un moment, une ambiance. Certainement pas pour vérifier que l’un fait une meilleure entrecôte que l’autre !!! Un bon glacier, cela devrait être pareil.
Point de départ
Je voulais donc faire des glaces « qui changent », qui racontent quelque chose. Donner du sens, des glaces qui nous touchent vraiment. Et ça, avec sincérité, pas du story-bullshit-telling…
Deux thèmes ont paru immédiatement : mes souvenirs de voyage et ceux de mon enfance.
Le Chocolat de Pépé Charles est de ceux-là. Les vacances passées chez mes grands-parents paternels. Chaque matin, notre grand-père Charles nous préparait un incroyable chocolat chaud.
Mon Pépé Charles
Laissez-moi vous raconter un peu…
Charles est né en 1900 à Paris, placé dès la naissance à l’Assistance Publique et envoyé à l’âge de 4 ans en Auvergne dans une famille de paysans. À 18 ans, il participe à la première guerre 1914-18, puis s’engage dans la résistance pendant la seconde guerre 1939-45.

À l’âge de 24 ans, tout juste marié, il ouvre son premier restaurant avec sa femme Lucie (ma grand-mère donc) : l’Escargot d’Or à Issoire.
Quinze années de restauration passent lorsque la seconde guerre est déclarée en 1939.
Une guerre après l’autre
À 18 ans, il est mobilisé pour la dernière année de guerre et devient caporal mitrailleur.
en 1939, Charles devient un membre actif des réseaux de résistance (Réseau Gallia et FFI). Il échappe plusieurs fois à des arrestations par les forces nazies occupantes… les délations allaient bon train à l’époque.
À la fin de la guerre, Charles ouvrira un restaurant gastronomique « La Taverne Bourguignonne » à Clermont-Ferrand. Il tiendra cet établissement avec sa femme jusqu’en 1980 lorsque la ville de Clermont-Ferrand décide de l’exproprier pour créer… une voie express et un parking.


Haut résistant, Président d’Honneur du Club de Rugby ASM de Clermont-Ferrand, restaurateur pendant plus de 50 ans. Il a accueilli dans son restaurant toutes les grandes publiques du pays. Charles était un homme plutôt petit mais un personnage d’une envergure et d’un courage rares.
J’ai le souvenir de marcher dans les rues de Clermont-Ferrand avec lui, pour aller au marché ou je ne sais où. Je devais avoir à peine 10 ans, donc lui… environ 80 ans. Je ne pouvais pas le suivre, il marchait d’un pas si rapide ! Je ne le rattrapais par chance que parce qu’il était interpellé toutes les 5 minutes par un passant lui disant bonjour et lui demandant des nouvelles.
Le bon chocolat
Ainsi, pendant mes 20 premières années (Charles est décédé en 1993), j’ai passé 10 à 15 jours chaque été avec mes parents et frères chez Charles et Lucie.
Chaque matin, le même rituel : nous étions réveillés par le bruit en cuisine. Quand je dis « chaque matin », il devait être 06h30 ou 07h… en vacances ! Pépé fouettait le lait et la crème fraîche dans une vieille casserole avant d’y ajouter le cacao. En sortait alors un bol de chocolat chaud absolument fameux.
La glace « Chocolat de Pépé Charles » est un hommage ému à mon grand-père. Cet homme pour qui chaque journée débutait par préparer le bien-être des autres.
